Test de dragon’s dogma ii : notre verdict sans concession

Test de dragon's dogma ii : notre verdict sans concession

Un monde plus vaste, mais plus riche ?

Dragon’s Dogma II, c’est un peu comme retrouver une vieille connaissance… en mieux habillée, avec plus de conversation, mais aussi quelques tics agaçants persistants. Dix ans après le premier opus – devenu culte malgré ses imperfections –, Capcom remet le couvert avec une suite qui promettait monts et merveilles. Alors, promesse tenue ou simple plat réchauffé dans une ambiance heroic-fantasy ? Spoiler : c’est un peu des deux. Suivez le guide.

Un gameplay toujours aussi viscéral

Le cœur du jeu – et probablement ce qui a fait le charme de Dragon’s Dogma premier du nom – reste son système de combat. Ici, c’est du très solide. Chaque affrontement est dynamique, exigeant, et surtout super satisfaisant. Les classes (ou « Vocations », pour utiliser le bon vocabulaire) sont variées : guerriers brutaux, archers acrobates, mages destructeurs… il y a de quoi trouver chaussure à son pied.

Ce qui impressionne surtout, c’est la verticalité et la physicalité des combats. Grimper sur un cyclope pour lui asséner des coups critiques façon Shadow of the Colossus ? Oui. Le faire tomber d’une falaise après l’avoir déséquilibré ? Aussi. Ce sentiment de puissance, quand on maîtrise bien sa classe, est tout bonnement jouissif, et très peu de RPG en monde ouvert peuvent s’en vanter.

Petit bémol tout de même : certaines classes mettent un peu de temps à « démarrer ». Si vous commencez avec un mage, par exemple, préparez-vous à trois ou quatre heures de gameplay un peu plan-plan, le temps d’acquérir les bons sorts. Mais une fois lancées, les possibilités s’étoffent vite.

Les Pions, toujours ces compagnons étrangement attachants

Le système de Pions est toujours là, et c’est une excellente nouvelle. Pour les néophytes : les Pions sont des compagnons IA que vous « empruntez » à d’autres joueurs (et inversement). Ils apprennent en fonction des événements qu’ils vivent : affrontements, quêtes, exploration… Un système aussi étrange qu’innovant, qui crée une dynamique vraiment unique.

Et non, ils ne sont pas juste des sacs à PV. Selon leur affinité avec certaines zones ou ennemis, les Pions peuvent littéralement sauver une session de jeu. Et oui, parfois, ils sortent des phrases complètement décalées qui vous feront éclater de rire. Même après dix heures, entendre son pion dire solennellement « Cette zone semble peuplée de gobelins ! » dans la même intonation qu’un médecin annonçant une mauvaise nouvelle, c’est toujours aussi savoureux.

Un open-world aussi beau que contraignant

Graphiquement, Dragon’s Dogma II envoie du lourd… par moments. La direction artistique est cohérente, certaines zones sont magnifiques (mention spéciale aux paysages montagneux et aux grottes illuminées par les sorts), et l’éclairage dynamique joue superbement avec les cycles jour/nuit.

Mais – car il y a un mais – tout ça tourne sur le RE Engine, et Capcom a dû faire des choix. Résultat : des temps de chargement parfois anormaux, des chutes de framerate régulières sur consoles, et une distance d’affichage pas toujours digne de 2024. En somme, c’est beau, mais capricieux. Mention spéciale au système de sauvegarde, qui peut vous faire perdre pas mal de progrès à cause d’un checkpoint mal placé ou d’une erreur d’inattention. Frustrant ? Un peu.

Et côté exploration, oubliez le fast travel facile. Ici, c’est old school. Vous devrez marcher, beaucoup marcher. Des portails existent, mais ils sont limités, coûteux, et demandent une certaine planification. Un choix de game design voulu (et assumé) par Capcom pour renforcer la sensation d’aventure… mais qui divisera fortement les joueurs selon leur patience.

Une narration plus ambitieuse, mais pas sans défauts

Là où Dragon’s Dogma II montre une vraie progression, c’est côté écriture et mise en scène. Le premier volet brillait plus par son gameplay que par sa narration (soyons honnêtes). Ici, Capcom fait l’effort d’intégrer un scénario plus dense, avec des intrigues politiques, des retournements intéressants et un univers qui gagne en crédibilité.

On apprécie particulièrement la manière dont les villes sont agencées, avec leur population qui vaque à ses occupations, des instances sociales plus crédibles, et quelques quêtes bien ficelées (notamment une autour d’un complot au sein d’une guilde de mages qui tient vraiment la route).

Mais tout ne brille pas : certaines lignes de dialogue restent très convenues, certaines quêtes secondaires poussent à la redondance, et le rythme pâtit parfois de longues séquences obligatoires de voyage ou de farming.

Une durée de vie généreuse (parfois trop ?)

Comptez une cinquantaine d’heures pour voir le bout de l’histoire principale… et facilement le double si vous comptez tout explorer. Entre les quêtes secondaires, l’expérimentation autour des classes, les Pions à recruter ou façonner, l’artisanat (un peu en retrait cela dit), et les zones optionnelles, il y a largement de quoi faire.

Le risque, cependant, c’est l’essoufflement. L’absence de véritable voyage rapide, les trajets parfois laborieux et un certain recyclage d’ennemis peuvent créer une forme de lassitude chez les joueurs moins enclins à la répétition.

D’un autre côté, pour les fans de RPG qui aiment prendre leur temps et s’investir dans un univers, Dragon’s Dogma II regorge d’éléments à creuser.

Technique : entre ambition et compromis

On l’a dit plus haut : Dragon’s Dogma II tourne sur le RE Engine, et si le moteur de Capcom a prouvé sa polyvalence (Resident Evil, Monster Hunter Rise…), ici il semble parfois atteindre ses limites. Même sur des configurations solides, le jeu peut souffrir de micro-freezes, d’optimisation inégale, et de bugs mineurs qui ternissent un peu l’expérience.

L’IA des ennemis est correcte sans être brillante, mais les boss s’en sortent bien. Ces gros combats – notamment contre les dragons, griffons, trolls géants – restent l’un des temps forts du jeu, bien mis en scène et variés dans leurs patterns.

Comparaison avec ses concurrents actuels

Face à un Elden Ring ou même un Baldur’s Gate 3, Dragon’s Dogma II ne joue pas vraiment dans la même cour – et c’est tant mieux. Là où le premier mise sur des environnements denses et un storytelling implicite, et le second sur une narration ultra ramifiée, DD2 choisit la physicalité du combat et l’aventure rugueuse.

Il se situe quelque part entre un Skyrim (moins « bac à sable ») et un Monster Hunter (pour la gestion d’escouade et la cohésion d’équipe). Ce n’est pas un jeu qui réinvente la roue, mais il apporte une vraie personnalité dans un paysage RPG souvent formaté.

Alors, ça vaut le détour ?

Dragon’s Dogma II n’est pas un jeu parfait. Mais il a cette chose rare : du caractère. Il propose une expérience RPG à l’ancienne, volontairement exigeante, parfois rugueuse, mais que l’on n’oublie pas de sitôt. Son système de combat reste l’un des meilleurs de sa catégorie, ses compagnons IA sont uniques, et son monde, bien que contraignant, respire une cohérence rarement atteinte.

Pour les joueurs lassés des mondes ouverts sans âme et des combats en pilotage automatique, Dragon’s Dogma II est une bouffée d’air frais… même si parfois l’air est un peu chaud, poussiéreux et peuplé de bandits qui attendent au coin du bois pour voler vos cristaux de téléportation.

À tester absolument si vous avez aimé le premier. À découvrir si vous cherchez un RPG qui sort des sentiers battus – mais soyez prêts à y marcher longtemps.