Vers une nouvelle ère : Nintendo prépare le terrain
La Nintendo Switch a soufflé sa sixième bougie et, soyons honnêtes, malgré son incroyable longévité, elle commence à tirer un peu la langue. Performances techniques limitées, catalogue qui partage entre pépites et portages à bout de souffle, et concurrence toujours plus féroce : la Switch vit ses derniers grands cycles. Mais comme toujours avec Nintendo, le futur ne rime jamais avec copier-coller. Alors, comment Big N compte-t-elle renouveler sa console hybride pour la prochaine génération ? Spoiler alert : ce ne sera pas une Switch 1.5 à la sauce marketing.
Un héritage trop fort pour être abandonné
Avant de parler puissance et innovation, il faut le dire : la Switch a révolutionné la façon dont on consomme le jeu vidéo. Chez soi ou en déplacement, en solo ou à plusieurs, la philosophie “play anywhere, anytime” s’est imposée. Et ça, Nintendo ne va pas y renoncer. Impossible. Un retour à une simple console de salon ou à une portable classique serait un suicide stratégique.
Donc oui, il y aura encore une forme d’hybridité. Il est même quasi-certain que la future machine – appelons-la Switch 2 pour les besoins de l’article – reprenne le concept écran détachable, Joy-Con (ou équivalents revisités) et socle de connexion à la télé. En somme, un form factor similaire, mais bien plus punchy sous le capot.
Des performances dopées pour coller (enfin) à l’époque
L’un des plus gros reproches adressés à la Switch, c’est bien sûr sa faiblesse technique. Quand les PS5 et Xbox Series balancent du 4K/60 fps en ray tracing, la Switch peine à faire tourner un open world fluide à 30 fps sans suer toutes les gouttes du monde. Les développeurs le disent eux-mêmes : porter sur Switch est souvent un enfer, à moins de tout sacrifier visuellement.
Mais cette limitation pourrait bien voler en éclats. Selon plusieurs leaks crédibles (et quelques insiders bien placés), la prochaine console Nintendo embarquerait une puce Nvidia custom de nouvelle génération. Certains évoquent un GPU maison proche de l’architecture Ada Lovelace—celle-là même qui alimente les RTX 40XX. Ambitieux ? Oui, mais pas délirant.
Si le DLSS 3 (ou une version allégée) entre réellement dans la boucle, on pourrait avoir un combo miraculeux : une console portable capable de sortir du 1080p solide en mode nomade, et du 4K upscalé en dock. Un gap technologique immense par rapport à la première Switch, sans pour autant marcher sur les plates-bandes des consoles concurrentes.
Rétrocompatibilité : la vraie question à un milliard
Nintendo a une relation étrange avec la rétrocompatibilité : une fois elle dit oui (Wii/Wii U), une autre fois c’est non (DS vers 3DS, Switch sans DS). Pour la future itération, impossible de ne pas aborder le sujet. Des milliers de joueurs ont accumulé des dizaines de jeux numériques, parfois des centaines d’euros de contenu. Repartir à zéro serait un faux pas historique.
Tout pointe (heureusement) vers une rétrocompatibilité au moins logicielle. Certains brevets récemment déposés par Nintendo font même allusion à des mécanismes de mise à jour automatisée de jeux existants. Imaginez un The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom qui tourne fluide à 60 fps avec textures rehaussées sans avoir à repasser à la caisse. Le rêve ? Peut-être, mais soyons prudents : Nintendo reste Nintendo…
Une nouvelle vague de jeux pour marquer la transition
Une console Nintendo sans gros lancement first-party ? Ça n’existe pas. À chaque changement de génération, le constructeur aligne sa cavalerie. Rappelons que la Switch a commencé en fanfare avec Breath of the Wild. Autant dire qu’il faudra quelque chose d’équivalent… voire plus ambitieux encore.
Parmi les rumeurs les plus persistantes :
- Un nouvel opus de Mario Kart – de préférence pas un portage du 8 Deluxe.
- Un nouveau jeu Mario 3D qui pourrait succéder à Odyssey, format « open world » ou pas.
- Un spin-off ou suite directe dans l’univers de Zelda, mais avec une formule moins axée sur la physique/sandbox.
- Un Pokémon next-gen, pourquoi pas avec un vrai monde ouvert fluide ? (Allez, rêvons un peu).
N’oublions pas Metroid Prime 4, toujours en développement chez Retro Studios. S’il devient un titre de lancement, il pourrait enfin révéler tout son potentiel technique sur une machine plus musclée.
Une approche plus ouverte vers les éditeurs tiers ?
La Switch a accueilli pas mal de jeux tiers, parfois dans des conditions techniques discutables. Mais Nintendo aurait tout intérêt à construire une machine capable de faire tourner les AAA récents, quitte à rogner un peu sur la sacro-sainte indépendance stratégique.
Des éditeurs comme Ubisoft, Capcom ou Bandai Namco montrent leur fidélité à Nintendo. Mais pour attirer des licences comme Call of Duty (comme le laisse entendre l’accord Microsoft/Nintendo post-fusion Activision-Blizzard), il va falloir du répondant. Et ça, la Switch 2 pourrait justement l’offrir.
L’intégration plus avancée de technologies Nvidia (DLSS, Ray tracing allégé…) serait un joker de choix pour assurer un portage plus propre des AAA sans devoir faire un downgrade massif. Et en bonus, Nintendo pourrait séduire une nouvelle vague d’indés avec un kit de développement plus accessible… et moins daté.
Écosystème et services : le nerf de la guerre moderne
On ne jouera pas plus longtemps à Animal Crossing juste parce qu’on peut faire un zoom sur les pommes. Non, l’évolution passera aussi par les services, et là, Nintendo a du chemin à faire. Un système de compte modernisé, une interface utilisateur fluide, un eShop réactif (adieu le scroll de l’enfer)… tout ça semble indispensable.
Mais surtout, le Nintendo Switch Online devra justifier son existence. Bibliothèques NES/SNES/N64, intégration possible de titres GameCube, jeu en ligne stable : autant de points qui nécessiteront plus qu’une simple couche de peinture.
L’autre pari serait d’ouvrir plus franchement les portes du cloud gaming. Si Nintendo se rapproche encore de Nvidia, il n’est pas exclu de voir des partenariats autour de GeForce Now ou une solution interne. Mais on reste sur du conditionnel ici.
La date de sortie : bientôt, mais pas trop
D’après les informations croisées de plusieurs sources industrielles, la prochaine console Nintendo serait prévue entre fin 2024 et début 2025. Certains développeurs auraient déjà eu accès à des devkits en interne, et des tests techniques auraient été réalisés lors du dernier Gamescom à huis clos. Coïncidence ou teasing bien orchestré ? Nintendo cultive le mystère, comme toujours.
Mais une chose est sûre : Nintendo prend son temps. La Switch continue de bien se vendre, plusieurs franchises (Luigi’s Mansion 2 HD, Paper Mario TTYD, etc.) sont encore dans les tuyaux, et Big N veut éviter une sortie précipitée qui nuirait à son image. Ils attendent le bon moment pour frapper fort.
Vers une stratégie plus durable ?
Avec six ans d’existence, la Switch est déjà la console Nintendo la plus durable en termes de support unique. La question est donc : Nintendo pourrait-il viser une console plus évolutive sur le long terme ? Une sorte de plateforme pérenne, à mi-chemin entre la philosophie Apple (itérations régulières) et celle de Steam Deck (compatibilité étendue mais hardware flexible) ?
Rien n’est officiel là-dessus, mais certains brevets déposés par Nintendo envisagent déjà des mécanismes d’évolution logicielle longitudinales. Couplée à une approche de cloud synchronisé et de rétrocompatibilité solide, cela pourrait transformer la future Switch en plateforme « vivante », pensée pour durer bien plus que 6 à 7 ans.
Alors, faut-il s’enthousiasmer ?
L’air de la prochaine Switch s’annonce prometteur. Puissance rehaussée, rétrocompatibilité probable, line-up costaud à venir et volonté de garder une formule hybride qui a conquis des millions de joueurs : tous les voyants sont (presque) au vert. Bien sûr, le diable est dans les détails – et avec Nintendo, il faut garder une pincée de scepticisme réaliste.
Mais une chose est certaine : si vous pensiez que la Switch allait s’éteindre en silence, vous pourriez être surpris. Très bientôt.