Pourquoi apprendre à créer des jeux vidéo ?
Créer un jeu vidéo, c’est un peu comme construire son propre monde. Que vous rêviez de devenir le prochain Hideo Kojima (sans les cinématiques de 45 minutes) ou que vous souhaitiez simplement comprendre comment fonctionne votre roguelike préféré, apprendre le game dev est une aventure aussi passionnante que formatrice. Dans un secteur où l’offre explose (entre les AAA, les indés et les jeux mobiles), développer ses compétences en création de jeux devient un véritable atout – et pas seulement pour travailler dans le milieu pro.
Mais par où commencer ? Entre le code, l’animation, le level design, la narration ou encore le sound design, il y a de quoi avoir le vertige. Rassurez-vous, cet article va vous servir de boussole.
Comprendre les grandes familles de compétences
Un bon jeu vidéo, c’est un savant mélange de plusieurs expertises. Celui qui parvient à tout faire tout seul est rare (et probablement insomniaque), mais comprendre les briques fondamentales reste essentiel :
- Programmation – Le moteur du jeu. C’est le code qui permet au joueur de sauter, frapper, lancer un sort… ou planter dans un mur à cause d’un bug sournois.
- Game Design – L’équilibre du gameplay, la cohérence des mécaniques, la structure des niveaux. En gros, le « comment » du fun.
- Graphisme et animation – L’aspect visuel. Ça va du pixel art rétro au réalisme photoréaliste, en passant par les interfaces utilisateurs bien pensées.
- Musique et Sound Design – On l’oublie souvent, mais c’est ce qui transforme une exploration banale en aventure épique (merci, OST d’Elden Ring).
- Narration et scénario – Pour les jeux qui racontent quelque chose (non, tous ne se contentent pas d’un « Tuez-les tous et récupérez les gemmes »).
À moins de viser les jam type Ludum Dare en solo, vous aurez probablement besoin de collaborer avec d’autres personnes ou de jongler entre plusieurs domaines.
S’initier à la programmation : la base indispensable
Pas de panique, il ne s’agit pas de réinventer l’ordinateur. Apprendre les bases de la programmation vous permet d’aller au-delà des simples outils drag’n’drop type RPG Maker. Les moteurs les plus utilisés aujourd’hui ont leur propre langage :
- Unity – Utilise principalement le C#. Parfait pour les débutants, avec énormément de ressources disponibles.
- Unreal Engine – Basé sur le C++ (plus complexe), mais propose aussi Blueprints, un système visuel pour coder sans coder.
- Godot – Léger, open source, avec son propre langage (GDScript), idéal pour débuter sans se perdre dans l’interface.
Apprendre à coder n’est pas seulement utile pour créer des mécaniques. Cela vous force à penser en termes logiques, à chercher des solutions créatives aux problèmes… un peu comme résoudre une énigme dans Portal, sauf que vous êtes GLaDOS.
Game design : quand la théorie rencontre la pratique
Qu’est-ce qui rend Celeste si addictif, ou pourquoi Hades donne-t-il une vraie sensation de progression à chaque run ? Le game design est la colonne vertébrale invisible d’un jeu. Il s’agit d’imaginer les règles du monde, de construire les mécaniques (attaque, loot, progression…) et surtout de les équilibrer.
Un bon game designer est souvent un excellent joueur : il observe, il teste, il démonte les mécaniques pour en comprendre la logique. N’hésitez pas à créer des prototypes moches mais fonctionnels pour expérimenter vos idées. Un jeu tout gris sous Unity peut être mille fois plus fun qu’un joli walking simulator sans enjeu.
Vous pouvez expérimenter avec des outils simples comme Twine (pour des jeux narratifs) ou BITSY, ou encore vous entraîner sur des mods. Certains se sont formés en créant des cartes custom de StarCraft ou des niveaux Mario Maker, et ça fonctionne !
Un bon visuel, même minimaliste, change tout
On ne va pas se mentir : l’esthétique d’un jeu joue énormément, surtout pour se faire remarquer dans la jungle Steam. Pourtant, pas besoin d’un budget à la Doom Eternal.
De nombreux projets indés ont prouvé qu’un style graphique fort, même simple, peut faire toute la différence. On pense à Undertale, Papers, Please ou plus récemment Loop Hero. L’important, c’est la cohérence visuelle et une certaine clarté dans la lisibilité du gameplay.
L’apprentissage des outils comme Photoshop, Aseprite (pour le pixel art) ou Blender (3D) se fait généralement avec la pratique. Beaucoup de tutoriels gratuits sur YouTube permettent d’apprendre à votre rythme et d’éviter les erreurs de débutant (comme les sprites qui flottent à 3 pixels du sol… on connaît ça).
Ne négligez jamais le son
Un bon sound design, c’est l’assurance de renforcer l’immersion et de donner un vrai feedback au joueur. Une arme bien punchy, un bruit de menu satisfaisant, ou une alerte sonore quand la vie du perso descend trop bas : tout ça influence notre perception du jeu.
Des outils comme Audacity ou LMMS permettent de travailler le son gratuitement. Si composer n’est pas votre fort, pensez aux banques libres de droits ou au travail avec un compositeur. Pour l’anecdote, le développeur de Stardew Valley a passé plus de temps à peaufiner sa musique qu’à coder certaines mécaniques du jeu. Comme quoi…
Scénario, narration : l’émotion au bout du pad
Certaines expériences ludiques nous marquent par leur histoire. Que ce soit la claque émotionnelle de Life is Strange ou l’écriture acide de The Stanley Parable, la narration peut devenir un moteur puissant dans un jeu.
Une bonne narration n’est pas forcément bavarde. Elle peut être environnementale (à la Half-Life), interactive (façon Detroit: Become Human) ou même silencieuse, comme dans Inside. L’important, c’est d’avoir quelque chose à raconter — et de le faire sans casser le rythme du jeu.
Les outils comme Inkle Studio, Ren’Py (pour les visual novels) ou Yarn Spinner permettent de créer des dialogues dynamiques et des branches narratives intéressantes sans coder comme un fou.
Outils accessibles pour débuter dès maintenant
Pas besoin d’un super PC ou de connaissances encyclopédiques pour commencer à créer. Voici quelques outils particulièrement adaptés pour les débutants :
- Construct – Pour créer des jeux 2D avec une logique visuelle sans code écrit. Très bon pour prototyper des idées rapides.
- Unity – Oui, encore lui. C’est un peu le couteau suisse du game dev : 2D, 3D, VR, mobile… il fait tout. Et il est gratuit en version perso.
- Godot – Léger, intuitif, open source et sans royalties.
- Pico-8 – Une « fantasy console » idéale pour créer des mini-jeux rétro (limité, mais fun et très formateur).
Lancez-vous avec un mini-projet. Pas besoin de recréer Zelda : visez un clone de Pong avec une touche perso, un auto-runner, ou un jeu de puzzle original. L’objectif est d’apprendre en faisant. Et, spoiler : vous ferez des erreurs. Mais c’est aussi comme ça que l’on progresse.
Faites-vous connaître, testez, recommencez
Le meilleur moyen de s’améliorer, c’est de montrer ce que vous créez. Participez à des game jams (comme Global Game Jam, Ludum Dare, Brackeys Jam…), postez vos prototypes en ligne, demandez des retours sur Itch.io ou Reddit.
Vous allez apprendre à affiner vos idées, à corriger des bugs, à gérer des retours frustrants… bref, à faire ce que tous les développeurs font au quotidien.
Et qui sait ? En partageant vos projets et en itérant, vous pourriez bien attirer l’attention d’un éditeur curieux ou d’une petite communauté motivée.
Miser sur la polyvalence ou se spécialiser ?
Pas obligé d’être expert dans chaque domaine. Certains sont plus à l’aise avec le code, d’autres brilleront en concept art ou en écriture. Trouvez ce qui vous passionne, puis creusez. Mais comprendre un minimum les autres métiers vous permettra de mieux collaborer, de mieux anticiper les problèmes et… de ne pas râler sur les graphismes quand vous êtes l’unique dev !
Dans une petite équipe indé, la polyvalence est reine. Dans une grosse structure, la spécialisation prime. Mais dans tous les cas, c’est votre capacité à résoudre des problèmes de façon créative qui fera la différence.
Apprendre par passion, progresser par la pratique
Créer un jeu, ce n’est pas un sprint. C’est un marathon (parfois un trail dans une jungle inconnue, avec des serpents IA pas au point). Ce qui compte, ce sont les petits pas réguliers, les projets perso, les idées testées, les collaborations tentées. N’attendez pas « le bon moment » ou « la bonne idée » : commencez petit, mais commencez maintenant.
Et qui sait ? Le jeu auquel vous rêvez depuis des années pourrait bien commencer par une ligne de code mal indentée et un pixel mal aligné. Mais c’est ça, la magie du game dev.